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Voici enfin l’écluse du Coudray-Montceaux. Ce n’est qu’un bâtonnet hachuré sur la carte mais, en taille réelle, lorsqu’on s’élève sur la longue rampe créée à l’intention des cyclistes, l’ouvrage avoue des dimensions colossales. Un monument, oui, avec sa double écluse et son barrage à vannes mobiles. L’ensemble reste néanmoins discret grâce à l’habillage réfléchissant de la passerelle, en inox poli, où se mirent tour à tour le ciel et les péniches en mouvement. 

Je franchis en funambule la passerelle longue de 160 mètres. Sous mes pieds, le métal vibre. Les trois clapets du barrage avalent chaque seconde des milliers de litres d’une eau verte et turbulente. À ce bourdon perpétuel répond, de loin en loin, le grondement sourd des diesels de péniches qui franchissent l’obstacle.

Entre la passerelle et le quai, un ascenceur donne accès à la cabine d’écluse. Le chef d’ouvrage, Gérard Riffaut, m’accueille dans un local généreusement vitré qui jouit d’une vue panoramique sur le bassin en contrebas. Déjà, la radio toujours allumée crépite d’une annonce :

J’ai droit au tour du propriétaire. Nous descendons un escalier jusqu’au quai. Ces péniches ventrues que je voyais glisser au loin, les voici à portée de doigts ; je me hisse dans la timonerie d’un gros porte-conteneurs, à l’invitation du pilote. 

Plus tard, un éclusier trentenaire me confie sa vision du métier. Comme son aîné, il assiste à la prolifération des écrans, à l’automatisation rapide du travail.

Il est temps de reprendre la marche. Est-ce exprès, pour me faciliter la tâche, qu’après l’écluse le GR commence à s’éloigner du fleuve ? Je perds de vue les derniers promeneurs des berges et m’enfonce dans la campagne.