Haut
Berge des bas-Vignons

Il n’y a qu’un petit pré à franchir pour rejoindre les bords de Seine. L’ancien chemin de halage n’est plus emprunté par les chevaux qui tractaient les péniches remontant le courant, mais par des promeneurs et des coureurs à pied.

Les bateaux, en revanche, naviguent aujourd’hui comme hier. Justement, le Jo-Mi se présente comme j’atteins la berge. Les péniches, j’en voyais passer souvent dans mon enfance lyonnaise, avec une curiosité inlassable. 

En toute hâte, j’abats mon sac à dos et sors mon matériel de reportage. Il y a urgence – je n’ai que quelques instants, dix ou douze secondes peut-être, pour enregistrer le passage assez rapide de l’automoteur avant qu’un rideau d’arbres n’escamote sa coque bleu-gris. Plus tard dans la journée, lorsqu’une trentaine de péniches auront défilé devant mes yeux, je rirai de m’être ainsi précipité.

Passage d'une péniche sur la Seine

Je dois suivre le fleuve quelques kilomètres avant l’écluse du Coudray-Montceaux, un passage vers l’autre rive. Les ponts sont rares sur cette section de la Seine et, pour le marcheur, c’est une longue attente que celle du prochain franchissement. 

En chemin, je me penche sur la végétation du sous-bois. Mon savoir botanique se limite aux espèces familières, celles qui garnissent les bouquets des fleuristes. Dans la nature, c’est à peine si j’étiquette la marguerite et le bouton d’or – plus la gentiane en altitude, et le coquelicot rouge des fossés. 

Cette fois, pourtant, j’ai décidé d’assembler un herbier virtuel. De chaque fleur, je tire le portrait avec mon téléphone et obtiens l’instant d’après, avec une application dédiée, ses noms latin et vernaculaires. Sont ainsi tirées de l’anonymat la grande chélidoine, la berce de Mantegazzi, le cerfeuil commun, le chardon crépu, le trèfle de Perse, la vesce à feuilles étroites

Parfois les buissons s’écartent et la Seine apparaît, d’un vert céladon qui la fond aux feuillages. À  certaines heures, sous une lumière choisie, on pourrait croire que le fleuve n’a pas de teinte propre mais qu’il la reçoit des plantes trempées dans son eau – branches de saules, tiges de lierre qui s’y infusent longuement aux beaux jours ; on pourrait le croire, oui, tant les nuances sont proches du flot qui s’écoule et de la végétation des berges.

plage naturelle

J’ai été Parisien pendant mes études mais n’ai jamais approché la Seine d’aussi près. Ici, pas de quai maçonné, pas de jetée en pierre… Autour de midi, je me déchausserai sur le sable et rafraîchirai mes chevilles. Des panneaux rabat-joie rappellent partout l’interdiction de se baigner. Pourtant je suis follement tenté… Une belle ambition pour le fleuve, selon moi, serait de le rendre un jour aux nageurs.