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J’ai beau défendre mon droit à marcher n’importe où, mon statut de piéton urbain aussi à l’aise sur un sentier de montagne que dans un couloir de métro, il faut bien le reconnaître : tous les paysages ne se valent pas.

Alors, je triche un peu. Tant pis pour les cités que je prévoyais d’arpenter ce soir, par esprit de curiosité ou d’aventure : je retourne aux arbres, au ciel, aux sources fraîches qui percent sous l’humus. Viry ou Grigny n’en manquent pas. Il n’y a qu’à repérer le vert sur la carte. En quelques enjambées, je rejoins le quartier des Blancs-Manteaux, ses jardins et ses allées ombragées qu’on ne soupçonne pas depuis la rue. 

C’est un quartier à surprises. Je pénètre dans un cimetière généreusement fleuri ; depuis le carré musulman, en se hissant sur la pointe des pieds, la vue embrasse tous les lacs de l’Essonne

Un autre secret bien gardé du voisinage est la ferme Saint-Lazare. Passé le porche à la fois rustique et bourgeois, il faut franchir une cour sableuse qui bourdonne d’activité. Des employés en salopette vert forêt chargent des cageots de légumes frais à l’arrière d’une camionnette. 

Mathieu Grissolange vient m’accueillir. C’est une chance de tomber sur lui, l’encadrant technique que ses mille occupations envoient tantôt aux ruches, tantôt aux serres ou à l’enclos des moutons, mais qu’on trouve rarement à son bureau. Il me présente la ferme : 

Exploitation agricole professionnelle, la ferme Saint-Lazare est aussi un chantier d’insertion, voué à remettre des hommes et des femmes sur le chemin de l’emploi : 

Ces salariés, justement, que viennent-ils apprendre ici ? Mathieu me l’explique :