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Lever de soleil à Corbeil-Essonnes

De toute la semaine, je n’ai pas détaché mes yeux des prévisions météo. Pour le méridional que je suis, l’Île-de-France est une contrée pluvieuse, très loin au nord : l’aiguille des baromètres y languit tristement dans les basses graduations, quelque part entre « tempête » et « variable ».

En séjour à Paris, j’emporte toujours un parapluie. Ce matin, encore, le fidèle accessoire est ficelé à mon sac à dos. Bien m’en a pris, d’ailleurs, car, dès le seuil franchi du pavillon où j’ai dormi, je sens des petites gouttes mouiller mes épaules. Incroyable, mais vrai : au coeur de cette semaine radieuse, une averse survient, pile sur ma tête. « Ce ne sont que quelques gouttes », me répété-je, moitié par flemme d’enfiler l’imperméable, moitié pour justifier ma tenue d’été. Mais la pluie forcit, et bientôt je dois m’abriter. 

J’ai loué dans le quartier du Moulin-Galant, à Corbeil-Essonnes, une chambre sans petit-déjeuner. Ma collation matinale est achetée dans une boulangerie. Elle consiste dans un croissant et un café dont j’emporte le gobelet mou, brûlant les doigts, vers un endroit repéré la veille : un muret près d’une église, sur la colline dominant la voie ferrée de Villeneuve-Saint-Georges à Montargis.

petit-déjeuner

 C’est l’heure des écoles. Tout en mâchant ma viennoiserie, je suis du regard les enfants qui dévalent le coteau, de gros cartables brimbalant dans leur dos. À mon tour, j’attaque la pente. Un sentier de grande randonnée, le GR 11C, variante du n°11 qui cerne l’Île-de-France, a le goût de passer par ici. Les balisages en zone urbaine sont discrets. Avec l’aide d’une carte, toutefois, je parviens sans mal à raccrocher l’itinéraire défini par les marques rouges et jaunes. 

Les pavillons du coteau

D’abord en balcon au-dessus de la Seine, le chemin plonge d’un coup vers le fleuve. Quelques zigzags dans la forêt humide (c’est le bien-nommé sentier de l’escargot, qui m’évoque non la lenteur du mollusque mais ses moeurs hydrophiles) me transportent des Hauts-Vignons aux Bas-Vignons.

Au pied de la colline, une prairie bien dégagée enserre les vestiges des grandes papeteries de l’Essonne, les premières de France au milieu du XIXe siècle. En réalité, il s’agit des bâtiments d’un port, par où transitaient les matières premières (charbon, bois, paille…) utiles aux activités des papeteries.

Un tunnel, qu’on devine encore sous la végétation, servait à les acheminer jusqu’au site de production.

Cette voie souterraine, le tunnel de la Papeterie, donne des idées aux aménageurs. On prévoit d’en rouvrir une section pour accueillir un espace d’exposition. Pourquoi ne pas en confier les parois aux graffeurs, comme on l’a fait dans le Leake Street Graffiti Tunnel, à Londres ? Ce serait un moyen de fixer leur créativité envahissante, assez analogue, pour moi, à la prolifération des herbes folles qui s’emparent du moindre pan de mur, du moindre bâtiment inoccupé.

Pour tout savoir sur le street art à Grand Paris Sud, rendez-vous sur Wall Street Art.